Par Helen Louis
– Monsieur le Préfet, si je résume votre demande, vous désirez que j’organise un buffet dînatoire de 2 500 personnes à Carpentras jeudi soir dans 15 jours pour la venue de Monsieur Valéry Giscard d’Estaing, Président de la République, qui doit y prononcer un important discours politique ?
– C’est exact, de plus Maître Charretier, Maire de Carpentras et Ministre du Commerce est chargé d’aménager l’aire de la piscine municipale pour recevoir tous les invités…
Il me donne alors rendez-vous le lendemain soir pour étudier l’implantation avec les Services Techniques. Alors que toute la logistique est en place, six jours avant l’événement nous passons de 2 500 personnes à 3 800 personnes. Nouvelle réunion avec le Maire qui décide d’annexer un immense champ mitoyen à la piscine pour y monter un chapiteau de très grande capacité. Le mardi, soit deux jours avant le jour j, nous passons à 4 500 personnes et nous décidons que ce sera le nombre définitif (en réalité, je pense qu’il y avait au moins 6 000 personnes!). Le jeudi matin, dès la première heure nous commençons notre installation et la décoration de tous les buffets avec un soin tout particulier pour ceux du chapiteau dans la prairie qui seront ceux réservés au Président.
Il est 18 heures, tout est installé, décoré, prêt à être servi. Assis à une table sous le chapiteau, j’écoute, avec un Colonel des CRS, le discours du Président en direct de la grande place de Carpentras. Je fais face au buffet de 50 mètres qui occupe toute la longueur de la pièce. Stupeur ! La retombée des nappes fait buvard et se gorge d’eau, en l’espace de quelques secondes nous pataugeons, il y a de l’eau de partout ! Le Colonel se déchaîne, envoie une escouade de CRS à la recherche des saboteurs, commande une pelleteuse pour faire un petit canal de dérivation à l’extérieur du chapiteau, trois camions de clapissette pour étaler sur le sol… Nous changeons en catastrophe toutes les retombées du buffet… Applaudissements, le Président a terminé son discours, les premiers invités arrivent… Tout est en ordre, mais nous avons eu très peur.
Mais que s’est-il donc passé ?
L’histoire est très simple. Maître Charretier, pour installer le chapiteau, avait sans le savoir annexé un terrain qui n’était pas municipal mais qui appartenait à un brave vieux totalement sourd et n’y voyant plus très bien. Le jeudi étant son jour d’arrosage, il était donc allé au canal, avait actionné la vanne pour arroser son champ…comme chaque jeudi !
Le plus fort est qu’il ne s’est aperçu de rien !